La Conquête de l'Amérique by Tzvetan Todorov

La Conquête de l'Amérique by Tzvetan Todorov

Auteur:Tzvetan Todorov
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


Fig. 8 : et 9. Les cruautés des Espagnols.

Le plus ancien d'entre eux est le rapport d'un groupe de dominicains adressé à M. de Chièvres, ministre de Charles Ier (futur Charles Quint), en 1519 ; il concerne des événements qui ont eu lieu dans les îles Caraïbes.

Sur la façon dont on traitait les enfants : « Des chrétiens rencontrèrent une Indienne, qui portait dans ses bras un enfant qu'elle était en train d'allaiter ; et comme le chien qui les accompagnait avait faim, ils arrachèrent l'enfant des bras de la mère, et tout vivant le jetèrent au chien, qui se mit à le dépecer sous les yeux même de la mère. (...) Quand il y avait parmi les prisonniers quelques femmes récemment accouchées, pour peu que les nouveau-nés se missent à pleurer, ils les prenaient par les jambes et les assommaient contre les rochers, ou les jetaient dans les broussailles pour qu'ils achèvent d'y mourir. »

Sur les rapports avec les ouvriers des mines : « Chacun d'eux [les contremaîtres des mines] s'était fait un usage de coucher avec les Indiennes qui dépendaient de lui, si elles lui plaisaient, fussent-elles mariées ou jeunes filles. Tandis que le contremaître restait dans la hutte ou la cabane avec l'Indienne, il envoyait le mari extraire de l'or dans les mines ; et le soir, quand le malheureux revenait, non seulement il le rouait de coups ou le fouettait parce qu'il n'avait pas rapporté assez d'or, mais encore, le plus souvent, il lui liait pieds et mains et le jetait sous le lit comme un chien, avant de s'allonger, juste au-dessus, avec sa femme. »

Sur la manière dont on traitait la main-d'œuvre : « Chaque fois que les Indiens étaient transférés, il y en avait un si grand nombre qui mouraient de faim en chemin que le sillage qu'ils laissaient aurait suffi, peut-on penser, à guider jusqu'au port une autre embarcation. (...) Plus de huit cents Indiens ayant été amenés dans un port de cette île, appelé Puerto de Plata, on attendit deux jours avant de les faire descendre de la caravelle. Il en mourut six cents, qui furent jetés à la mer : ils roulaient sur les flots comme des madriers. »

Voici maintenant un récit de Las Casas, qui figure, non dans la Relation, mais dans son Histoire des Indes, et qui rapporte un événement dont il était plus que témoin : participant ; c'est le massacre de Caonao, à Cuba, perpétré par la troupe de Narvaez, dont il est l'aumônier (III, 29). L'épisode commence par une circonstance fortuite : « Or il faut savoir que les Espagnols, le jour qu'ils y arrivèrent, s'arrêtèrent au matin, pour déjeuner, dans le lit desséché d'un torrent, qui pourtant conservait quelques petites flaques d'eau, et qui était rempli de pierres meulières : ce qui leur donna l'idée d'aiguiser leurs épées. »

Arrivés au village après ce déjeuner sur l'herbe, les Espagnols ont une nouvelle idée : c'est de vérifier si les épées sont aussi tranchantes qu'elles paraissent. «



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